Bonjour à tou(te)s.
Avant-propos : plusieurs d'entre vous auront l'impression de relire des choses déjà dites. Dans toute histoire il est bon, un jour, de faire ou de refaire le point.
Tout a commencé un jour de l'hiver 2003... une de ces journées ensoleillées ou on respire la joie de vivre et l'air frais du matin... ou bien était-ce le soir ?... Ma mémoire me fait défaut... Qu'importe ! C'était l'hiver, Noël approchait !
Ma rencontre avec Tiscali fût étonnante de banalité ; je flânais, tranquille, au milieu des rayons d'une grande surface, à la recherche... de rien... et tout d'un coup je l'ai vu... il était là, il m'attendait dans son beau costume bleu et orange
... trônant fièrement sur son rayon... Mon sang n'a fait qu'un tour... je l'invitais aussi sec à venir s'installer à la maison. J'avoue quand même que ma présence n'était pas entièrement dûe au hasard ; voila un moment que je cherchais à faire ce genre de rencontre... il me fallait quelqu'un comme ça !
Enfin bref, nous voici de retour tous les deux à la maison. Je lui explique brièvement où il peut s'installer ; ça lui convient, il ne pose aucun problème. Je préviens ses amis par téléphone... aucun souci... reste plus qu'à attendre que tout soit ok d'un point de vue pûrement administratif... on m'annonce 3 semaines... au bout de 12 jours tout est réglé.
Nous coulions des jours heureux, sans réel souci... Oh, bien sûr, comme dans tout les couples il y avait bien eu un ou deux petits tracas, une petite déconnexion, une fois, un truc sans suite... non, vraiment rien de grave ! Bon, d'accord, on vivait pas à cent à l'heure, on avait un rythme plutôt plan-plan ; n'empêche que quand on voyait ramer d'autres couples, on souriait. On surfait sur des vagues à 1 méga, la vie était belle. Non, vraiment pour nous ça roulait !
Ah oui, le petit nuage ! Oui, je me souviens maintenant de ce petit nuage...
Un jour sans avertissement voila t'y pas que tout s'arrête... bizarre... une indisposition passagère, ça arrive.
Un jour... deux jours... cinq jours... allez, ça suffit, j'appelle, il doit y avoir un souci.
"Allo, docteur, y'a un souci, mon copain Tiscali a l'air bizarre, il a pas l'air dans son assiette...
- Ne vous inquiétez pas, tout va bien.
- Oui, tout va bien, je ne m'inquiète pas... mais lui il a pas l'air d'aller.
- Quelle type de fenêtre avez-vous ? Ça marchait bien avant ? Avez-vous touché quelque chose depuis ? Habitez-vous toujours la même maison ? Décrivez-moi tout ça.
- ... blablabla...
- D'aaacccoooord... On va maintenant vérifier la couleur des boutons... quel tête il a ?
- ... blablabla... jaune... blablabla... vert... blablabla... clignotant...
- Aaaaaaah... je vois ce que c'est ! Vous allez aller lui modifier ça... et là et ça ira mieux.
Je fais ce qu'on m'a dit, tout comme il faut... avantage : je suis moi aussi docteur dans ce domaine ; ce n'est pas ma spécialité mais j'arrive à comprendre ce qu'on me fait faire.
Hop ! Le copain retrouve sa forme habituelle.
- Tiens, dites-moi docteur, c'est marrant que vous me fassiez modifier ça... j'aurais juré que c'était pas ce qu'on m'avait dit de faire le premier jour...
- (enervé) C'est normal, Internet c'est un truc qui bouge, ça change tout le temps !
- Ça oui, d'accord, je suis bien placé pour le savoir, mais ce changement là il ne s'est pas produit par hasard... pourquoi vous ne m'avez pas prévenu avant, je l'aurais fait sans vous appeller et on aurait pas perdu de temps ni vous ni moi ?
- C'est pas comme ça que ça se passe !
- Et si je n'avais pas appellé ?
- Ça ne fonctionnerait pas !"
Baste ! Ne nous énervons pas ! Ça fonctionne, hein, c'est l'essentiel.
De nouveau un beau ciel sans nuage. On court, on joue, on discute, on s'éclate !
Puis, un jour, sans que je m'y attende, j'ai compris que quelque chose changeait... Je voyait bien que depuis quelques temps il s'arrondissait, il prenait des formes... de forts jolies formes... La métamorphose opérait... qu'allait-t'il donc sortir de cette transparente chrysalide ?
Le choc !
Je me rappelle ce matin-là... alors que je lui propose comme souvent "Tiscali, on va faire un surf ?"... La voix qui me répond est douce et belle, mais le propos est froid et tranchant !
"Ne m'appeles plus jamais comme ça !"
"À compter d'aujourd'hui, je veux que l'on m'appele
ALICE"- Alice ? Ah, oui, bon d'accord... pas de problème... c'est comme tu veux... c'est toi qui voit..."
C'est vrai que ce nouveau nom lui collait quand même mieux avec ses cheveux longs, sa façon unique et bien à elle de me dire "houhou houhou"... et puis avec une robe, "Tiscali" ça le faisait plus trop !
"- Euh... Alice ?... On va se faire un surf ?
- Non, pas aujourd'hui, attends un peu !"
... Quelques jours passent et la belle est disponible... Main dans la main on court se faire un surf !
Ouahou ! Oh la vitesse ! 2... 3... 4... presque 5 mégas... oh le truc de fous... du délire...
Oh la belle montée d'adrénaline !
Alors là, rien à dire... ça vaut le coup... on laisse les autres sur place... et en plus elle est belle... c'est du tout bon ! Elle me fait connaître des tas de gens à l'autre bout de la planète... On discute, on joue encore plus qu'avant, on se sent vraiment bien ensemble. Je la présente (avec fierté) à des tas de copains... On est heureux !
Tout aurait pû en rester là... continuer ainsi sans anicroche... mais dans ce beau ciel pur un sombre nuage s'annonçait...
Ça a commencé au printemps 2006... des petits riens auxquels on ne prête jamais d'attention... on devrait, mais on ne le fait pas.
"- Alice, t'as déjà rangé le surf ? Ben, j'avais pas fini... t'aurais pû me demander !
- T'avais qu'à te dépêcher ! Et puis t'as qu'à le ressortir !
- (bougon) Ouais... bon... m'enfin t'aurais pû attendre... zut quoi !"
Une fois, deux fois... et puis ça devient comme ça tous les jours...
Impossible qu'elle me laisse surfer... je sais pas ce qui lui prends... elle a du manger un truc qui passe pas...
Avril arrive... et puis comme on dit en électronique : "en avril, ne dénude jamais tes fils".
La belle devient dure de la feuille... ou bien elle ne veut pas m'écouter... J'ai beau lui dire et lui redire de me laisser surfer tranquille, non ! Elle ne veut pas ! Madame n'en fait qu'à sa tête ! Sous prétexte de je-ne-sais-quoi elle ne veut pas qu'on surfe plus de trois quarts d'heure... Et la vitesse... elle est où la belle vélocité des débuts ?... Madame a dû prendre de l'embonpoint ! Elle ne veut plus courir, elle se traîne lamentablement ! Ah bravo ! On les voit les autres couples qui nous doublent... Et nous... tant bien que mal on essaye de les rattrapper... enfin de les suivre... enfin au moins de pister les traces qu'ils laissent loin derrière eux... et qui s'effacent...
Les mots deviennent plus durs... on ne s'écoute plus vraiment... Et sa voix, y'a des moments ou j'ai du mal à la comprendre, y'a plein de bruit avec...
Quand je lui parle vitesse, elle me répond délai... quand je lui parle imap, elle me répond "aucun dysfonctionnement n'est a signaler"... et pourtant ça coince, je le sais ! Je lui parle messagerie, elle ne me répond pas ! Aie !
Que se passe-t-il ? J'ai l'impression de devenir un étranger...
Pourtant je continue à participer à l'achat de ses nouvelles robes... j'offre tout le courant dont la belle se nourrit... J'essaye de lui parler avec douceur... Je re-re-re-vérifie qu'elle n'a mal nul part... Je téléphone à sa famille qui me répond que tout va bien, que j'ai dû faire une bêtise, qu'on va m'envoyer quand même un docteur, que c'est à cause des autres couples - ils courent trop vite, ça fout le bouzouc -, on me dit d'attendre, que ça va passer, que les spécialistes sont sur le problème et qu'une solution va être trouvée mais qu'il faut que je ré-explique ce qui ne va pas, comment est la maison, si les fenêtre sont ouvertes ou fermées et que sais-je encore...
Ah, le joli mois de mai... je fais ce qu'il me plait... j'appelle un docteur.
Il me redonne espoir, "c'est curieux, c'est pas un problème de boîte. Vu l'état de la maison et des fenêtres et des murs et des fils et des gens qui courent, elle devrait se rétablir vite... et puis vu la distance jusqu'à M. Historique, elle devrait courir plus vite. Mais bon, dans le doute on va vous envoyer une boîte de rechange et ça accélèrera la guérison."
Un jour... deux jours... une semaine... un mois...
Tiens, toujours rien !
"Allo, docteur, j'ai pas reçu la boîte !
- Quoi ! Quelle boîte ! Vous imaginez quand même pas qu'on en envoit comme ça !
- ... Ben... on m'avait dit...
- Non, c'est non ! Il faut faire un test d'abord... il faut qu'on soit sûr du diagnostic !
- Ah bon, d'accord, ok... j'attends les résultats du diagnostic. Au fait, ça prends longtemps ?
- 2 à 4 semaines.
- Ok."
Juin... L'été arrive... le soleil rendra peut-être la santé à la belle... "les soucis sont moins lourds au soleil"... Tout le monde a besoin de vacances...
Patatras !!!
Je savais bien qu'il allait se passer quelque chose ! Plus rien, la belle n'entends plus rien... elle ne veut plus surfer... elle ne veut plus parler... elle s'amuse à jouer au chenillard, comme avant, mais elle ne veut plus rien faire...
"Allo, docteur, c'est grave ! Elle ne dit plus rien ! Elle va s'en sortir ?
- C'est rien, du calme, on va faire quelque chose, tout va bien ! Expliquez-moi tout depuis le début... Vous avez quoi comme fenêtres ? Y'a combien de murs ? Elle a déja parlé ? Elle a été en forme un jour ?...
- ... blablabla...
- ... bliblibli...
- ... blublublu...
- ... blobloblo...
- Au fait, le diagnostic, il en est où ?
- Hein, de quoi, quel diagnostic ?
- ... Ben... on m'avait dit...
- Non, y'a pas de diagnostic en cours... mais on va en démarrer un.
- Ah... bon... je croyais que... non, rien... bon, ben faites-donc ça. Deux ou trois semaines, je sais...
"
Les jours passent... comme tous les jours... et les semaines, comme toutes les semaines...
Hier soir...
"Allo, docteur, c'est à propos d'Alice, elle est toujours malade... elle va guérir ?
- Rappellez-moi votre nom... tiens, c'est curieux je ne trouve pas votre dossier !
- Hein ! Quoi ?
- C'est rien, du calme, on va faire quelque chose, tout va bien ! Expliquez-moi tout depuis le début... Vous avez quoi comme fenêtres ? Y'a combien de murs ? Elle a été en forme un jour ?...
- ... blablabla...
- ... bliblibli...
- ... blublublu...
- ... blobloblo...
- Au fait, le diagnostic, il en est où ?
- Hein, de quoi, quel diagnostic ?
- Ben, le diagnostic quoi ! Ce coups-ci j'en suis sûr, il y en avait un !
- ... Un instant je vous prie... zzzzzzzzzzzzzzzzzz... allo, oui, effectivement il y en avait un... mais comme il n'y a pas eu de réponse on ne sait rien de plus. Si vous voulez on va en démarrer un nouveau.
- Hein !... Et c'est repartit pour deux à trois semaines ?
- Oui oui, c'est ça... je vois que vous connaissez !
- ...
- Alors, on en relance un ?
- ... Oui...
- D'accord. Bon, et bien voila, c'est noté... merci de votre appel.
- Une minute !
- Oui, quoi ?
- Est-ce que je peux parler à un responsable s'il vous plait ?
- ... Euh... non, à cette heure-ci il n'y a plus de responsable. (*)
(*) l'absence de responsables ne signifie pas qu'il ne reste que des irresponsables !
- Et demain ? Je peux avoir un numéro pour appeler un responsable demain s'il vous plait ?
- Non, pourquoi ?... Attendez une minute je vous prie, je vais cherchez plus d'informations.
- ... (long silence)... allo ?... Merci d'avoir patienté.
- De rien, je suis patient. Comme je vous disais, j'aimerais parler à un responsable pour savoir dans quel camp se trouve la balle, à qui je peux demander des comptes, qui je peux houspiller un peu en me faisant aider par UFC, 60 millions de consommateurs, 30 millions d'amis, etc. Je suis patient, trés patient, et je veux bien attendre... mais il arrive un jour ou on doit affronter son destin, attraper le taureau par les cornes pour lui tirer les oreilles... ou l'inverse, je ne sais plus !
- Oui, je vous comprends. Vous avez déjà été très patient et compréhensif. Je vous promet qu'on va trouver une solution. Je vais voir quelles autres informations je peux trouver... On va provoquer une intervention rapide. Merci de me donner votre numéro de portable. Je vous appellerais d'ici trois jours."
Bon, voila. Fin de l'histoire. Alice sait que j'ai demandé le divorce pour début novembre... pour le premier anniversaire de notre histoire. Avec Tiscali ça durait depuis 2003... je me demande s'il a bien fait de se transformer en une belle porteuse de robe... "la mariée était trop belle"... on pourrait en faire un film...
Vous vous en doutez, ce week-end je ne lâche pas mon portable... on verra bien si ça sonne... la dernière fois qu'un tech de 1033 me l'a demandé pour me rappeler c'était en mai je crois... ou avant... je ne sais plus...
Vous devez me sentir un brin désabusé... pas énervé... juste désabusé et persuadé que je vais fouiner du côté de UFC et autres... ça m'apprendra sûrement des trucs... on va se lancer dans les actions froides et juridiques... ça sera peut-être utile... on verra... peut-être même que ça me fera oublier la belle...
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Sujet: Alice, ma belle Alice... comment en est-on arrivé là ? 
